Bonjour Monsieur Vibert,
Je me permets de vous écrire au sujet de la technique mixte présentée sur votre site.
Il est indiqué que cette méthode permet d’éviter la règle du "gras sur maigre", en alternant une couche grasse sur une couche maigre, et inversement.
Cependant, en visionnant la démonstration d’une nature morte (comprenant un fruit, un bocal et un couteau), un point m’a interpellé :
L’ébauche semble avoir été réalisée avec un médium gras pour les ombres, puis les lumières (les blancs) ont été posées à l’émulsion.
Lors de la deuxième séance, il est précisé que la reprise se fait au médium gras, sur une couche précédente effectuée à l’émulsion.
Ce que je ne comprends pas, c’est que, si la première couche sur le fruit a été posée au médium gras pour les ombres, et à l’émulsion pour les lumières, alors la reprise au médium gras, lors de la deuxième séance, se ferait sur une couche déjà grasse , du moins sur les parties correspondant aux ombres.
Cela ne constituerait donc pas une couche grasse sur une couche maigre.
Pourriez-vous m’éclairer sur ce point, s’il vous plaît ?
Je vous remercie par avance pour votre réponse, ainsi que pour la qualité des contenus proposés sur votre site.
Bien cordialement,
J. B.
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Bonjour Monsieur J. B.,
Je vous remercie pour votre question qui montre une réflexion technique très pertinente.
" En visionnant la démonstration d’une nature morte (comprenant un fruit, un bocal et un couteau), un point m’a interpellé : l’ébauche semble avoir été réalisée avec un médium gras pour les ombres, puis les lumières (les blancs) ont été posées à l’émulsion. Lors de la deuxième séance, il est précisé que la reprise se fait au médium gras, sur une couche précédente effectuée à l’émulsion. "
" Ce que je ne comprends pas, c’est que, si la première couche sur le fruit a été posée au médium gras pour les ombres, et à l’émulsion pour les lumières, alors la reprise au médium gras, lors de la deuxième séance, se ferait sur une couche déjà grasse, du moins sur les parties correspondant aux ombres. Cela ne constituerait donc pas une couche grasse sur une couche maigre. "
Vous avez parfaitement raison. Parmi tous les avantages que présente cette technique, le fait d’employer deux produits différents, l’un gras, brillant et transparent, apportant de la profondeur ; l’autre, plus maigre, satiné et plus opaque, favorable à l’opacité, permet de contribuer à opposer l’ombre et la lumière, constante dans les techniques à l’huile depuis le XVème jusqu’à la fin du XIXème siècle. Mais, parallèlement, il offre aussi cette possibilité unique par rapport à la contrainte du respect du principe du « gras sur maigre », constamment répétée avec toutes les techniques à l’huile, de pouvoir reprendre « maigre sur gras » à la condition, cependant, d’opérer dans le frais ou, au moins, sur une couche de gras nouvellement posée (médium gras abondamment dilué servant de vernis à retoucher). D’où, entre autres, le fait de ne plus être limité par le nombre de superpositions de couches picturales, et la fraîcheur des lumières, même posées de manière ultime.
Il se trouve que, dans ce processus, on peut, effectivement, être amené à superposer une couche au médium, grasse, sur une couche de médium, elle aussi grasse, déjà sèche. Cette superposition est moins favorable que la superposition médium gras sur émulsion maigre, c’est exact. Mais elle est tolérable dans la mesure où l’on constate que cette nouvelle couche adhère bien sur la précédente. C’est très généralement le cas. Si, néanmoins, on constatait que la seconde couche perle, il suffit de poser au préalable un vernis à retoucher un peu plus gras, moins dilué, ou d’y ajouter quelques gouttes d’essence d’aspic. Cette essence, relativement agressive, va très légèrement attaquer la couche sèche, provoquant une reprise d’adhérence de la seconde couche.
J’espère avoir répondu à votre interrogation.
Cordialement,
Christian VIBERT
Date de création :20/04/2025 - 08:19Dernière modification :20/04/2025 - 08:36