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Les émulsions gélifiées Atelier des Fontaines
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Christian VIBERT Jardin secret
Huile sur toile marouflée sur panneau |
Une interprétation contemporaine de techniques traditionnelles
Les émulsions gélifiées Atelier des Fontaines sont des variantes modernes de recettes anciennes témoignant des débuts de la technique à l’huile, au XVème siècle, époque de transition où, à travers les techniques « a tempera » voisinaient celles à l’eau et celles à l’huile. Même après la mise au point du procédé uniquement à l’huile, les techniques à l’émulsion ont continué à être employées pendant fort longtemps, certainement jusqu'à la fin du XVIIème siècle, avec des artistes comme Rembrandt, car elles autorisaient des effets difficiles à obtenir à l’huile seule. Redécouvertes durant la première moitié du XXème siècle, ces techniques montrent de nouveau toute leur richesse et leurs étonnantes possibilités d'exécution.
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Christian VIBERT Jardin secret (détail) |
Les émulsions permettent entre autres d’approcher certains caractères de la peinture hollandaise du XVIIème siècle. Mais elles auraient aussi ravi les Impressionnistes de la fin du XIXème, s'ils avaient pu en bénéficier et, comme eux, feront les délices des adeptes du "peindre clair", à base de pâtes opaques mêlées de blanc.
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Christian VIBERT La chapelle de Fontimpe
Le Cergne dans la Loire. Huile sur support mural
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Par leur apparence satinée qui leur permet de s'intégrer parfaitement à leur environnement, les émulsions gélifiées Atelier des Fontaines sont aussi idéales pour la peinture murale. Uniquement diluées à l'essence de térébenthine, même sans aucun apport de cire, elle ne présentent aucun luisant indésirable qui nuirait à la visibilité de l'œuvre peinte, sous quelque angle que ce soit.
De plus, bien que relativement maigres comparées aux médiums qui leur servent de base, les émulsions Atelier des Fontaines apportent suffisamment de résine et d'huile cuite à la pâte picturale pour lui communiquer résistance et durabilité.
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Christian VIBERT La chapelle de Fontimpe (détail)
Huile sur support mural |
Obtenues par l’association de matériaux traditionnels et d’une résine moderne diluable à l'eau, les émulsions Atelier des Fontaines en conservent les avantages tout en éliminant leurs inconvénients. Elles évitent tout autant la complexité de mise en œuvre, le poisseux résiduel, le jaunissement et l’écaillage de certaines émulsions traditionnelles à la colle de peau, à l’œuf ou à la caséine, que le séchage trop lent des huiles modernes, rendant lassant les temps d’attente ou nécessitant l’emploi de siccatifs (3) complémentaires.
A l’inverse, les émulsions gélifiées offrent une facilité et une richesse d’exécution sans comparaison possible avec les acryliques ou même les alkydes, résines modernes amenant une prise brutale de la pâte picturale et, en conséquence, une exécution souvent sommaire et difficile.
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Christian VIBERT Lumière du matin sous les grands arbres
Huile sur toile marouflée sur panneau
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Alain RIVIERE Paysage (ébauche) Emulsion gélifiée sur papier préparé |
Caractéristiques et durabilité des émulsions
Composées à partir des médiums gras, les émulsions gélifiée correspondantes en possèdent elles aussi la même durabilité. Leurs caractéristiques sont cependant différentes. Nettement plus maigres que les médiums gras qui en constituent la base, elles permettent l’obtention de pâtes picturales qui restent onctueuses, mais un peu moins brillantes, de consistance plus épaisse et plus courte. Ces émulsions favorisent donc une facture spontanée, enlevée, « alla prima », généreuse et lumineuse. Alain RIVIERE, professeur à l'Ecole de Beaux-arts de Marseille, nous en offre un superbe exemple par cette ébauche enlevée en seulement une ou deux heures.
Par ailleurs, du fait de l'évaporation de la proportion d'eau qu'elles contiennent, les émulsions provoquent une prise de la pâte picturale encore plus rapide que les médiums gras. La superposition des touches de couleurs dans le frais est donc encore plus aisée. Mais, thixotropes (8) comme les médiums gras, il reste toujours possible de remobiliser les couleurs additionnées d'émulsion afin de les mélanger, par le simple mouvement de la brosse, si le besoin s’en fait sentir.
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Christian VIBERT Danseuse au cache-cœur rose (détail)
Huile sur toile marouflée sur panneau |
La facilité de manipulation des pâtes picturales additionnées d’émulsion est tout autant remarquable. Brossées ou posées, travaillées immédiatement, les émulsions gélifiées offrent aussi des possibilités de modelés (10) très fins. Cependant, étant plus maigres que les médiums gras et prenant d’autant plus vite, elles favorisent encore l’obtention de frottis (14) laissés à vif sur un fond mince, mais humide, ayant reposé quelques minutes. On retrouve là l'une des caractéristiques les plus remarquables de la peinture vénitienne d'un peintre tel Le Tintoret ou celle de l'Espagnol Vélazquez.
Différemment, sur une première couche de peinture encore fraîche, mais plus épaisse, elles offriront des touches gaufrées et discontinues semblables à celles observables dans la peinture hollandaise du XVIIème siècle, époque où les blancs à l’huile étaient préalablement broyés à l’eau ("flushing process").
Par ailleurs, les émulsions gélifiées autorisent l’emploi d’empâtements (5) très généreux, gardant parfaitement la structure de la touche, séchant remarquablement bien, même posés en forte épaisseur, et vieillissant sans craquelures. Ces empâtements (5) peuvent être repris longuement durant toute la séance de travail. En effet, bien qu’étant relativement maigres et offrant une prise de la pâte immédiate, les émulsions gardent le caractère thixotrope (8) des médiums gras dont elles sont issues. Elles laissent au peintre la possibilité de remobiliser ses touches de couleurs durant toute la durée de la séance. La pâte picturale reste donc ouverte (15), même pour une exécution fouillée.
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Christian VIBERT La colline aux fleurs Huile sur toile marouflée sur panneau |
Cependant, une fois la séance de peinture achevée, le séchage des émulsion gélifiées est tout aussi rapide, voire meilleur que celui observé avec les médiums gras, principalement concernant les touches de peinture généreuses. Il n'y a plus de délai d'attente fastidieux comme avec la technique à l'huile pure. Comme avec les médiums gras, le travail aux émulsions peut souvent être repris le lendemain même.
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Christian VIBERT Amour sacré (détail)
Huile sur toile marouflée sur panneau |
Les émulsions Atelier des Fontaines sont du type eau dans l’huile. Elles sont donc diluables aux essences et s'épaississent par addition d'eau. Elles sont obtenues à partir des médiums gras gélifiés, mélangés à un liant diluable à l’eau.
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Christian VIBERT Amour sacré (détail)
Huile sur toile marouflée sur panneau |
Cette résine de synthèse, mais à base naturelle, très stable, parfaitement incolore, non jaunissante et bien siccative (3) remplace le traditionnel jaune d’œuf au séchage problématique, la colle de peau peu pratique à l’emploi, car utilisable uniquement à chaud, ou la caséine jaunissante en milieu huileux et donnant des films de peinture fort peu souples. D’excellente conservation sans aucun antiseptique, cette résine s’émulsionne parfaitement en milieu huileux.
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L'une des versions de l'émulsion Atelier des Fontaines |
Emballées dans un tube en aluminium verni à l'intérieur, les émulsions Atelier des Fontaines demeurent remarquablement stables au stockage, même après plusieurs années. Elles demandent seulement, parfois, un léger rebrassage au couteau à palette juste avant leur emploi, si elles ont été conservées longtemps au repos.
Les émulsions Atelier des Fontaines se présentent sous la forme d’une crème gélifiée, épaisse, d’apparence translucide en couche mince, et d’un blanc légèrement teinté de jaune pâle. Au séchage, d’une coloration ambrée très pâle, elles deviennent parfaitement transparentes et montrent un brillant légèrement satiné.
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Christian VIBERT Composition en bleu, rose et or
Huile sur toile marouflée sur panneau |
Mode d’emploi
Comme les médiums gras, les émulsions gélifiées peuvent être mélangées à des couleurs à l’huile en tube, ou avec des pigments broyés à l’huile, à la main. Elles peuvent être employées pures ou diluées à l’essence de térébenthine, selon les besoins. En particulier, pour favoriser l’obtention d’empâtements (5) à fort relief, il est possible d’accroître encore l'épaisseur des émulsions en y ajoutant de l’eau. Celle-ci n’agit pas alors comme un diluant, mais, bien au contraire, comme un épaississant en émulsion interne. L'émulsion sera d'autant plus maigre, apparaîtra d'autant plus pâle et séchera d'autant plus vite.
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Une émulsion translucide, épaisse, mais thixotrope |
Mise en œuvre conseillée :
- Travailler à l'émulsion pure ou diluée à l'essence de térébenthine, selon les besoins.
- Pour épaissir : 2 volumes d’émulsion pour 1 volume d’eau. Ajouter l'eau peu à peu en malaxant bien au couteau à palette.
Conseil : Comme avec les médiums gras, il convient d’éviter les essences de pétrole à évaporation lente ou rapide qui tendent à précipiter les résines naturelles.
Date de création : 05/10/2012 - 17:15
Dernière modification : 23/07/2022 - 12:19
Catégorie : Généralités
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