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Techniques de la peinture - Techniques de la peinture


actif  Sujet n° 36  Craquelures sur peinture

le 12/07/2015 - 16:15
par Oliviadeprelle

Anonyme

1 message

Cher Christian,
Une amie m'a conseillé de poster ma question sur votre Forum.
Je l'ai rencontrée à Libramont ou j'ai suivi avec Jean Pierre Poidevin un cours de peinture à l'huile.
J ai peint deux peintures à l huile sur bois (contreplaqué) que j'ai préparé avec des couches de blanc d espagne melangee a la colle de peau de lapin. Ensuite, je pense avoir bien applique gras sur maigre et je n ai pas utilise de siccatif.
Apres deux ans, elles presentent des craquelures ( genre en peau de crapaud).
Je voulais avoir votre avis sur les potentielles causes de ces craquelures.
Les peintures ont été accrochées dans une pièce assez lumineuse mais sans lumière directe. Elles ont changé de pièce et de maison pour quelques mois. 
Merci beaucoup,

Olivia
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Réponse n° 1
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le 12/07/2015 - 23:51
par ChristianVIBERT

ChristianVIBERT

Administrateur
29 messages

Bonjour Olivia,

 

La question est complexe car, si les craquelures prématurées sont quasiment toujours la conséquence d'une technique fautive, elles peuvent avoir de multiples causes. Et, en l'absence de l'œuvre, il est toujours difficile de porter un diagnostic clair.

 

j'ai suivi avec Jean Pierre Poidevin un cours de peinture à l'huile.

J'ai cru comprendre, d'après les explications de votre amie, que Jean-Pierre Poidevin enseignait, durant ce cours, la technique mixte, donc la manière de travailler "maigre sur gras".

 

J ai peint deux peintures à l huile sur bois (contreplaqué) que j'ai préparé avec des couches de blanc d espagne melangee a la colle de peau de lapin.

Le contreplaqué est un excellent support. Concernant l'enduit, le dosage colle/charge pigmentaire est essentiel. Souvent, celui donné dans les ouvrages techniques est trop riche en colle. C'est le cas, entre autres, dans le livre bien connu de Xavier de Langlais. Le surdosage en colle est une première source possible de craquelures.

 

Ensuite, je pense avoir bien applique gras sur maigre et je n ai pas utilise de siccatif.

La question à se poser est : Avez-vous travaillé "gras sur maigre" ou "maigre sur gras" ? Si vous avez travaillé à la manière de Poidevin, on peut penser à une technique "maigre sur gras". Dans ce cas, êtes-vous sûre de bien avoir superposé "maigre sur gras", donc "émulsion sur médium", mais dans le frais ? Travailler ainsi est à la base de cette technique, le principe "sine qua non". Sinon, superposer une couche maigre à l'émulsion sur une couche grasse au médium déjà sèche est la garantie de voir se produire des craquelures, et parfois très rapidement ! La couche maigre ne peut s'enraciner sur la couche grasse sèche. Elle glisse sur elle. Il se produit ce qu'on appelle des craquelures de retrait.

 

Apres deux ans, elles presentent des craquelures ( genre en peau de crapaud).

Tout à fait ce que je viens de décrire.

 

La technique mixte paraît bien compliquée aux yeux des peintres qui ne la connaissent pas, car elle demande l'utilisation de deux produits, non pas un seul : un médium et une émulsion. Dans les faits, elle est remarquablement simple. Elle permet, entre autres et justement, d'échapper à la tyrannique règle du "gras sur maigre". Par contre, elle demande, et de manière absolue, de travailler "maigre sur gras" dans le frais.

 

Maintenant, si vous avez travaillé, à l'inverse et en bonne conscience, "gras sur maigre", cela ne signifie malheureusement pas pour autant que vous évitiez d'office le risque de craquelures. Celles-ci peuvent tout simplement provenir d'une reprise prématurée sur une couche, même maigre, mais insuffisamment sèche, d'où l'apparition d'embus et, tôt ou tard, de craquelures. Le liant de la couche du dessus est pompé par la couche du dessous. La couche de surface se trouve appauvrie en liant, d'où sa baisse de valeur et son apparence mate. Devenue accidentellement plus maigre que la couche du dessous, elle perd sa souplesse et finit par craqueler.

 

Autre motif analogue : l'emploi d'une couleur séchant difficilement (un noir d'ivoire, une laque, un jaune ou un rouge organique...) sur laquelle vous avez repris trop tôt avec une couleur séchant vite (un blanc de plomb, un bleu de cobalt, une terre d'ombre...). Le résultat est le même.

 

L'utilisation d'un siccatif n'est pas négative en elle-même. Ce qu'il ne faut pas, c'est :

- en abuser, surtout s'il s'agit d'un composé à base de cobalt. La peinture va très rapidement sécher en surface, créant une pellicule imperméable à l'air qui entravera le séchage de la peinture en profondeur : phénomène de "chausson aux pommes" ;

- user de siccatif dans les dernières couches.

 

Par contre, siccativer très légèrement une ébauche n'est pas négatif en soi-même, au contraire. Là encore, le choix du siccatif a toute son importance. Il faut privilégier un siccatif de profondeur.

 

Pour résumer, et quelles qu'en soient les causes exactes, ce type de craquelures provient très généralement d'un problème de séchage entre deux couches de peinture de nature différente.

 

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Réponse n° 2
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le 12/07/2015 - 23:58
par ChristianVIBERT

ChristianVIBERT

Administrateur
30 messages

(Suite)

Comment donc éviter ce type de craquelures :

- travailler de préférence sur un support rigide et semi-absorbant ;

- bien laisser sécher les couches précédentes avant de leur superposer une nouvelle couche ;

- d'où l'intérêt d'user de couleurs bien siccatives pour ébaucher et/ou d'un médium activant le séchage, au moins lors de l'ébauche, si l'on ne veut pas avoir à patienter des semaines ;

- pour éviter l'effet "chausson aux pommes", donner la préférence aux médiums siccativant en profondeur, surtout pas à ceux agissant uniquement en surface ;

- ne pas utiliser de couleurs fragiles en épaisseur. Le blanc de zinc est, de ce point de vue, redoutable. Il ne laisse aucune souplesse à la couche picturale. Posé en épaisseur, surtout sur toile, il craquelle quasi inévitablement ;

- privilégier les reprises sur un dessous rendu moite par l'utilisation d'un vernis à retoucher composé à partir du médium utilisé, mais abondamment dilué, plutôt que les reprises à sec.

 

J'espère que ces quelques remarques et conseils sauront vous apporter un peu d'aide pour éviter ce type de déboires dans vos œuvres futures.

 

Cordialement,

 

Christian VIBERT

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Réponse n° 3
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le 13/07/2015 - 08:15
par Oliviadeprelle

Anonyme

visiteur

Cher monsieur Vibert,

je vous remercie pour votre reponse exhaustive. J aimerais vous envoyer des photos de mes peintures afin d affiner votre avis. Apparement sur ce forum, il n est pas possible d envoyer des fichiers. Peut etre sur votre mail? Je pense avoir appliquer la technique gras sur maigre pour ces deux peintures.  Je pense que pour la peinture avec le ciel, cela doit definitivement etre la couche de jaune qui n a pas assez secher et qui se trouve en dessous du blanc de zinc melange au bleu, La partie basse( la ville)  ne presentant pas de craquelures. Pour l autre peinture, je ne sais pas si c est la colle ou bien le sechage entre les couches. Pensez vous que je pourrai retravailler ces peintures afin de les sauver ?

Merci beaucoup pour votre aide precieuse.

Olivia de prelle

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Réponse n° 4
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le 17/07/2015 - 22:53
par ChristianVIBERT

ChristianVIBERT

Administrateur
32 messages

Bonsoir Olivia,

J aimerais vous envoyer des photos de mes peintures afin d affiner votre avis. Apparement sur ce forum, il n est pas possible d envoyer des fichiers.

En effet, envoyer des documents photos n'est pas possible. Peut-être cela le sera-t-il prochainement, du moins si je parviens à faire évoluer ce site. Mais je ne suis pas un spécialiste de l'informatique. Toute modification en profondeur est, pour moi, bien compliquée. J'avance peu à peu...

Peut etre sur votre mail?

Merci pour vos envois.

Je pense avoir appliquer la technique gras sur maigre pour ces deux peintures.  Je pense que pour la peinture avec le ciel, cela doit definitivement etre la couche de jaune qui n a pas assez secher et qui se trouve en dessous du blanc de zinc melange au bleu, La partie basse( la ville)  ne presentant pas de craquelures.

Si, effectivement, vous avez travaillé en demi-pâte au blanc de zinc, de plus sur un jaune non suffisamment sec, obtenir des craquelures n'est guère étonnant.

Pour l autre peinture, je ne sais pas si c est la colle ou bien le sechage entre les couches.

C'est difficile à dire. Je pense à une autre cause qui pourrait aussi, éventuellement, s'appliquer à votre premier tableau. Vous m'avez dit avoir peint sur un support de contreplaqué. A priori, vous n'avez pas procédé à un marouflage. Le support bois a donc été seulement enduit. Combien de couches en avez-vous passées ?

En effet, si l'enduction a été trop sommaire, il se peut tout simplement que ce qui semble être des reliefs soit causé par la réapparition des fibres du bois suite, par exemple, au transfert de vos travaux dans un lieu un peu plus humide. La préparation des supports est un aspect essentiel du métier de peintre.

Pensez vous que je pourrai retravailler ces peintures afin de les sauver ?

 

Si ces craquelures sont bien en relief, ce qui semble le cas d'après les documents, le seul remède réellement efficace consisterait à procéder à un ponçage soigné, puis à repeindre par-dessus. Mais, ce faisant, vous risquez d'abîmer sérieusement votre travail. Peut-être feriez-vous mieux de les garder en l'état ? C'est à vous d'en décider.

 

Cordialement,

 

Christian VIBERT

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Réponse n° 5
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le 27/07/2015 - 12:58
par Oliviadeprelle

Anonyme

visiteur

Cher monsieur vibert, je vous remercie pour votre reponse. Etant donne que j ai pose au moins huit couches d enduit et que d autres peintures preparees similairement n ont pas evolue de la sorte, il me semble que l humidite de l appartement joue un grand role dans ce desastre. Je vais essayer de les recuperer .

 

Bien a vous et bonne continuation,

 

olivia

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Réponse n° 6
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le 01/08/2015 - 18:45
par ChristianVIBERT

ChristianVIBERT

Administrateur
2 messages

Bonjour Olivia,

Effectivement, huit couches d'enduit sont une préparation correcte pour un support bois. Cependant, je vous conseille de maroufler systématiquement une toile fine sur votre panneau avant d'enduire. Ainsi, vous éviterez tout problème de réapparition des fibres du bois. Et, avantage supplémentaire, vous n'aurez pas à poser autant de couches d'enduit. 
Maintenant, si le grain de la toile vous déplaît, il suffit de nouveau d'enduire suffisamment afin de le faire disparaître totalement. D'ailleurs, sur ce support légèrement grenu à l'origine, l'enduit n'en tiendra que mieux.


Bon courage pour vos reprises.

Cordialement,

Christian VIBERT

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