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Forum - Sujet n°11

Sujet n°11  -  Vernis à retoucher
    -  par BAntos le 05/11/2014 - 12:00

Je viens de démarrer une nature morte avec le medium Maroger et je me demande de l'utilité de passer un vernis à retoucher (1 volume de vernis pour 6 volumes d'essence de térébenthine) entre chaque séance. Je constate que le vernis enlève une partie de mon travail précédent.
Je pense que si le travail n'est pas réellement sec, cette couche est inutile. Qu'en pensez-vous?


Brigitte



Réponse n° 1
    -  par ChristianVIBERT le 05/11/2014 - 14:33

Bonjour Brigitte,

Question importante concernant l'exécution même.

Quel est le rôle d'un vernis à retoucher ?
1) Redonner de la lisibilité à une œuvre comportant des embus, donc une baisse des tons (un éclaircissement) en renourrissant les zones devenues mates, alors qu'elles ont été peintes, à l'origine, de manière brillante.
2) Favoriser l'adhérence d'une nouvelle couche de couleur sur une couche inférieure déjà sèche.
3) Faciliter les modelés d'une nouvelle couche de couleur en posant au préalable une mince couche moite.


Sur le point 1, précisons tout de suite que, sur une œuvre correctement exécutée, en principe, il ne devrait pas y avoir d'embus. En effet, l'embus marque le non respect de la règle du "gras sur maigre" ou la reprise trop précoce sur une couche précédente, prise, mais non suffisamment sèche.

Concernant le point 2, la question est plus complexe.
Dans le cadre d'une technique uniquement huileuse ou oléorésineuse, le strict respect de la règle du "gras sur maigre" peut dispenser de poser un vernis à retoucher. Cependant, si, dans le cadre d'une technique un peu élaborée, on a utilisé, en plus de la pâte de base, un diluant, ou un médium, qu'il soit liquide ou gélifié, est-on vraiment certain de la proportion de liant qui a été introduite dans la couche précédente ? En particulier, si l'on varie la proportion de liant pour obtenir des transparences dans les ombres et des opacités dans les lumières, comment savoir exactement la quantité de liant utilisée ici ou là ?
Le vernis à retoucher, qui n'est composé que d'huile et de vernis, le tout plus ou moins dilué, mais sans pigments, est donc gras par définition. Il permet donc de reprendre avec certitude en plus gras que la couche précédente. Lors de la pose de la nouvelle couche de couleur, celle-ci, même plus maigre, puisque contenant des pigments, tiendra nécessairement sur le vernis à retoucher car elle est posée dans le frais, et, par son intermédiaire, se liera avec la couche sèche précédente.

Dans le cadre d'une technique mixte médium/émulsion, la question est différente.
Si l'on reprend gras sur maigre (médium sur émulsion), le vernis à retoucher n'est absolument pas nécessaire.
Si l'on reprend maigre sur maigre (émulsion sur émulsion), de même.
Si l'on reprend gras sur gras (médium sur médium), on retrouve le même problème qu'avec une technique uniquement oléorésineuse. Quelle est la proportion de gras entre les deux couches ?
Enfin, si l'on reprend maigre sur gras (émulsion sur médium) à sec, l'adhérence risque d'être extrêmement médiocre : embus, perte d'adhérence, craquelures de retrait...

En définitive, le fait de passer au préalable un vernis à retoucher sur l'ensemble de la partie que l'on désire reprendre permet d'être sûr que l'adhérence, quel que soit le dessous ou le dessus, sera parfaite. C'est donc une solution facile qui permet de peindre tranquillement sans avoir à s'interroger constamment sur la nature du dessous sur lequel on envisage de poser une nouvelle couche. Par contre, il est inutile, et même contre-indiqué, de poser une couche de vernis à retoucher épaisse. C'est pourquoi je conseille de bien diluer le médium.

Par ailleurs, et vous le dites clairement, il faut que la couche précédente soit bien sèche. Sinon, ce vernis comportant une proportion importante de diluant tendra à décrocher ce qui a été peint précédemment. C'est pourquoi, aussi, je conseille de travailler sur plusieurs œuvres en parallèle, de manière à laisser tranquillement sécher les travaux entre deux séances.

Dans le cadre de la technique mixte, on pourrait, bien entendu, reprendre directement en gras, au médium, mais en ne diluant que peu celui-ci. Technique parfaitement cohérente, qui, mettant en œuvre moins de diluant, entraînerait moins les dessous s'ils sont insuffisamment secs. Cependant, on peut avoir envie d'un produit plus liquide pour les besoins de l'exécution. C'est un choix.

 

Autre possibilité : utiliser pour les premières couches un médium du type "flamand à siccativité renforcée". Ce produit siccativant en une nuit, comme nous l'avons vérifié durant le stage, il est alors possible de reprendre sans risque de redilution dès le lendemain. Pour les dernières couches, un médium du type Maroger permettra de donner toute la fluidité nécessaire à une exécution très minutieuse.

Concernant, enfin, le troisième point, si vous désirez des fondus très fins, il est toujours plus facile de partir sur un fond humide (je n'ai pas dit une patinoire !). Les différents tons de la nouvelle couche se fondront beaucoup plus facilement les uns dans les autres. Ils donneront aussi l'illusion de se fondre avec la couche précédente. Pour un travail très réaliste, procéder de cette manière est quasi indispensable.

Maintenant, si l'on désire, au contraire, des effets de grain, de frottis, de matière, il est bien évidemment possible de reprendre à sec... si l'on respecte les conditions émises dans le point 2.

J'espère avoir répondu le plus complètement possible à votre question.

Cordialement,

Christian VIBERT



Réponse n° 2
    -  par BAntos le 05/11/2014 - 16:42

Merci beaucoup pour une réponse si complète.
Pour ma part, j'ai besoin de beaucoup de couches de medium avant d'utiliser l'émulsion, aussi je vais maintenir la règle de gras sur maigre avec une première couche à l'essence pure, suivie par des couches de medium diluée très fortement au début et ensuite presque pure en interposant petit à petit l'émulsion dès que les lumières deviennent de plus en plus nécessaire.
Merci beaucoup aussi pour la rapidité de la réponse.


Très amicalement


Brigitte



Réponse n° 3
    -  par ChristianVIBERT le 05/11/2014 - 16:59

Le processus est adéquat sur le plan technique. Par contre, je vous suggère de mettre quand même une trace de médium dans l'essence, même au début, histoire de hâter un peu la siccativation.

Bonne peinture.

Christian VIBERT



Réponse n° 4
    -  par sebastientollie le 24/11/2015 - 15:05

Oui merci ce post m'aide également dans ma recherche et devant le problème que je rencontre avec ma couche de base...



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